Les députés de cette 7ème législature ont rendu un hommage mérité à l’ancien président de la République, Emile Derlin Zinsou décédé dans la nuit du 28 juillet 2016. C’était vendredi 12 août 2016 au Palais des gouverneurs à Porto-Novo en présence des membres de la famille éploré, de l’ancien premier ministre Lionel Zinsou et d’autres personnalités.
A cette occasion, le président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji a prononcé un discours d’hommage à l’endroit du regretté. Pour la deuxième personnalité de l’Etat, les hommages du Parlement à Emile Derlin Zinsou dont les obsèques sont programmées pour les 24 et 25 août prochains, doivent être perçus comme une marque de reconnaissance, l’expression de la solidarité, et l’admiration de la communauté parlementaire pour le cursus politique « exceptionnel » de l’ancien président. Rappelons que la famille de l’illustre disparu a eu droit aux salutations d’usage.
Kola PAQUI
Lire ci-dessous le discours du président Adrien Houngbédji
Chers Collègues
Le plus âgé des anciens Chefs d’Etat, de par le monde, a tiré sa révérence dans la nuit du 28 juillet 2016. Le Président Émile Derlin-Zinsou n’est plus.
D’ordinaire, ‘’dans les funérailles, on n’entend que des paroles d’étonnement de ce que le mortel est mort’’ disait Jacques Bossuet.
La disparition du Président Zinsou, à presque 100 ans, nous plonge, sinon dans l’étonnement, du moins dans une profonde tristesse.
La Représentation Nationale, creuset de l’unité du peuple béninois et confluent de tout ce qui fait la singularité et la grandeur de notre Pays et de sa démocratie, se doit de lui rendre un hommage solennel, pour tout ce qu’il fut, et pour tout ce qu’il a donné pour le Bénin.
Celui dont nous célébrons la mémoire était un grand patriote qui aimait son pays de l’affection la plus authentique, et qui le servit toute sa vie durant.
D’abord comme médecin, sorti major de l’Ecole de Médecine de Dakar, au chevet de ses compatriotes malades dans les villes et dans les campagnes.
Ensuite, happé par la politique, comme membre et Vice-président du Conseil de l’Union Française, Sénateur, Ministre de l’Economie, Ministre des Affaires Etrangères, Président de la Cour Suprême, Ambassadeur à Paris, et enfin Président de la République de mai 1969 à décembre 1970.
Un cursus ‘’honorum’’ exceptionnel, qui révèle l’homme politique exceptionnel qu’il fut, dans une période elle-même exceptionnelle.
Période du panafricanisme militant, qu’il embrassa aux côtés des Senghor, des Nkrumah, des Houphouët.
Période de lutte politique interne intense, face à des leaders de grande dimension et d’égal talent.
Période de revendication et de conquête de l’Indépendance, puis, l’Indépendance acquise, période d’apprentissage des dures réalités à la tête d’un Etat nouvellement créé, aux prises avec les crises politiques répétées et les crises économiques structurelles.
Un cursus honorum, si riche qu’il soit, ne rend compte de la dimension d’un homme politique, que s’il restitue, ne fut ce que sommairement, les écueils et les obstacles auxquels il fut confronté, les options et les choix qu’il dut opérer, les renoncements et les sacrifices qu’il dut consentir, et enfin la cause de son engagement.
De ce point de vue, la rigueur du Président Zinsou dans la gestion des affaires du pays, sa mobilisation pour les valeurs de liberté, ainsi que la sagesse et la disponibilité qui ont bordé sa vie au retour d’un long exil, sont la marque d’un grand homme d’Etat qui aimait profondément son pays.
Il était un objet de fierté nationale, une référence pour de nombreux Béninois et Africains.
Au nom de l’Assemblée Nationale tout entière, la Conférence des Présidents a présenté aux membres de sa famille, les sincères condoléances de notre Peuple.
Je vous invite à observer avec respect, une minute de silence pour honorer la mémoire du Président Émile Derlin-Zinsou… »